Jeudi 19 mars 2009
La nuit a été courte, et hachée. L excitation monte dans le Wicked Campervan, et l inquiétude aussi, au fur et à mesure que l heure fatidique approche. Excitation car la mission n est pas une simple mission. Inquiétude car n étant pas simple, elle risque d être compliquée et difficile à relever (élémentaire et évident mon cher Watson). Inquiétude aussi car toute la nuit la pluie est tombée, et quand à 7h ce matin le réveil sonne, la pluie tombe encore.
Mais comme par miracle, à l heure fatidique ou doit commencer la trilogie en question, la pluie cesse, et le ciel montre quelques signes encourageants d amélioration rapide. Si je vais participer seul à ce premier volet, Ruwen me rejoindra pour les deux suivants. Après l enregistrement, le pesage, la signature du document déchargeant toute responsabilité de la part de l opérateur en cas d accident, tout commence alors par 45 min de bus. Je ne peux décemment plus retenir le suspense plus longtemps … ce bus nous emmène en direction du site de … Nevis Highwire … Bungy …
Eh oui, le premier volet de cette trilogie est un saut Bungy (saut à l élastique) depuis une plateforme suspendue entre deux câbles dans le vide, à une hauteur de 134m au dessus de la rivière Nevis. Un site lunaire, pour une première que je voulais justement dans un cadre unique.
Nous ne sommes que 8 dans le bus qui nous emmène sur le site (beaucoup annulent quand ils voient que les conditions vont être, ou sont mauvaises). Mais tant pis pour ceux qui ont eu peur de se faire mouiller, car le soleil ce matin se montre de plus en plus généreux. Nous sommes le premier groupe à atteindre le site, et nous serons les premiers à sauter aujourd hui. L ordre de saut se faisant par ordre décroissant de poids, je vais même avoir l honneur de sauter le premier dans le vide !
Alors que les équipes techniques se préparent, je découvre la plateforme, et surtout le vide en dessous. Impressionnant. Une fois équipé d un genre de harnais, on prend une petite nacelle qui nous emmène sur la plateforme, suspendue dans le vide. Une fois sur place, pas trop le temps de tergiverser, on nous fixe des straps autour des chevilles, puis je prends place dans la chaise des condamnés pour la mise en place de l élastique.
Le technicien qui s occupe de moi est français, il vient de Grenoble mais travaille en Normandie sur le site de saut du pont de la Souleuvre, géré par le même groupe (AJ Hackett Bungy). Il fait la saison en Nouvelle Zélande avant de revenir en France pour les beaux jours.
Le moment vient de s avancer sur le petit carré de métal qui dépasse de la plate-forme, avec en dessous 140 m de vide. Je regarde quelques secondes dans le vide, et sacrebleu que c est haut. Mais pas le temps de trop baliser, le technicien me demande de regarder droit devant, et le décompte commence. 5, 4, 3, 2, 1 … grande inspiration et me voilà prendre mon élan et plonger dans le vide, les bras déployés. Un parfait saut de l ange (n en suis-je pas un ? 😉 ) … Dans une piscine 5m au-dessus de l eau, ça passe bien, mais 150m au-dessus du vide, c est une autre histoire … Après une seconde, quand je réalise ce qui se passe, je ne peux m’empêcher de lâcher un cri, un long cri, mi-frayeur mi-jouissance. Et je ne vais m arrêter de crier, qu une fois que l élastique aura atteint son étirement maximum, que je me sentirai ralentir, m arrêter puis remonter en l air.

Ca ne dure pas 10 secondes, mais ça prend aux tripes. Après deux ou trois oscillations, j ai pu actionner la sangle qui m a permis de revenir en position la tête en l air, et le mécanisme de remontée par un treuil jusqu à la plateforme s est amorcé. Assis comme dans une balançoire géante, j ai peu à peu pris la mesure de ce que je venais de faire, de ce que je venais de vivre. L adrénaline est montée en un clin d œil. Quel pied !!
De retour sur la plateforme, les autres participants m ont regardé avec des yeux anxieux, mais je ne pouvais que les rassurer, ça venait de vraiment bien se passer pour moi. C est en regardant le suivant sauter à son tour que j ai réalisé encore un peu plus ce qui m était arrivé, et ce qui m arrivait. C est quand même quelquechose, ça ne dure pas si longtemps, mais ça secoue. Les nerfs de la nana qui sautait en 3e position ont d ailleurs lâché pendant son saut, elle a éclaté en sanglots une fois remontée sur la plateforme. Il fait avoir le cœur bien accroché.
Nous avons ensuite repris la nacelle qui nous a ramené vers la terre ferme, et nous avons pu visionner les photos et la vidéo de notre saut (une belle machine commerciale 🙂 ). Là encore, j ai eu des frissons en me rendant compte que le tordu qui sautait dans le vide n était autre que moi… Je suis donc reparti vers Queenstown avec sous le bras le Tshirt de « Jumper », le certificat du saut, et les photos (en voilà certaines) et la vidéo, que j aurai malheureusement du mal à mettre en ligne.
Le retour vers la « Station » s est fait sans que je m en rende compte, et j ai retrouvé Ruwen au camping, le sourire figé sur le visage, et satisfait de cette première expérience haut-en-couleur, réussie, et en plus sous le soleil !
Mais pas le temps de partager ces émotions et de lui raconter l exploit de la matinée, les 2e et 3e volets de la trilogie nous attendent dès midi, avec pour commencer le Shotover Jet, à bord d un hors bord surpuissant dans les gorges de la rivière Shotover.

Dans des gorges profondes, étroites, surfant sur les vagues, frôlant les parois rocheuses parfois de quelques centimètres seulement, à près de 80 km/h par moments, nous allons être propulsé par deux énormes turbines à bord d un hors-bord à la coque extraplate, pouvant s accommoder de faibles profondeurs d eaux. Et le clou de ce « manège » à sensations, au-delà des rochers qui défilent à pleine vitesse à quelques doigts seulement du bateau, et du cadre magnifique de la Shotover River, c est le 360°, un tour sur nous même effectué à pleine vitesse. Terrible ! surtout en fermant les yeux .
Evidemment, on en prend plein la figure, plein les yeux, et le pilote, habile, est malicieux et fait de son mieux pour nous rendre trempé jusqu aux os. Une fois le tour bouclé, à peine le temps de reprendre son souffle, et nous voilà pris en charge pour le 3e volet de la trilogie : la descente en rafting des rapides de cette même rivière Shotover, en amont du site du Jet.
Distribution de l équipement, combinaison néoprène intégrale, casque, gilet de sauvetage, et nous prenons un bus qui va nous mener presqu au bout de Skippers Road, l une des routes les plus impressionnantes du pays. Les véhicules de location y sont d ailleurs interdits, comme sur la route de 90 mile beach. Pour le coup, ce n est pas à cause de possible ensablement, mais d une route , d une piste plutôt , à peine plus large qu une voiture, à flanc de falaise, jalonnée d a-plombs impressionnants, et ou se croiser est quasiment impossible. Il parait que certains y ont perdu leurs nerfs, je dois avouer que les précipices ne manquent pas et que le vertige peut rapidement apparaître.
45 min à progresser à faible allure, et nous atteignons le site de lancement. Briefing, dernieres verifications du matériel, attribution des équipages sur les bateaux, et nous voilà embarqués pour ce qui est, pour moi, encore une fois, une première, à l assaut des rapides de Shotover. Spectacle fascinant, paysages sauvages, des gorges, des criques, des rapides, une eau turquoise, un débit et une hauteur d eau qui se sont vu progresser avec les pluies de la nuit .

La descente va durer un peu moins de 2h, près de 20km de descente. L eau est fraiche, mais le soleil est encore là. Progressivement, nous allons prendre en main le bateau, et apprendre les signaux que le guide va nous donner pour la bonne marche (navigation) de l embarcation. 6 + 1 pagayeurs, une dizaine d embarcations.
Rapidement, on joue à s éclabousser entre embarcations, et les premiers rapides arrivent. Catégorie 2, puis 3, puis 2, puis 4. ça devient sérieux. Le danger : se faire éjecter du bateau, et pire, voir le bateau se retourner, envoyant tout le monde à l eau. Il y a du courant, et c est quand même dangereux. On passe les premiers rapides comme on peut, ça secoue, on est trempés. Que du plaisir 🙂
Un moment de répit, certains, comme nous, en profitent pour se jeter à l eau et se laisser dériver avec le courant. L eau est fraiche mais les combinaisons semblent bien étanches. Un peu plus loin, la récré est terminée, et dans la 2e série de rapides, avec une section en catégorie 5, les choses sérieuses reprennent, mais avec un peu moins de réussite pour nous : le bateau pivote, on se retrouve avancer en arrière, l adrénaline monte, mais on parvient à passer le bouillonnement et les rochers. Ouf. On a échappé au pire. Car dans le même temps, certains pagayeurs d autres embarcations sont passés par-dessus bord, et sont ramenés comme ils peuvent à bord de leur bateau. On saute de joie, on est passé 🙂
Mais à peine le temps de souffler, on se retrouve dans la dernière série de rapides, et on passe tout d un coup à quelques centimètres de la tête d un pagayeur qui a du etre éjecté de son bateau. Tout se passe très vite, un peu de déconcentration, et dans le rapide suivant, le bateau se présente de côté, et pas de face. Aie, ça part en couille !!! Pas le temps de rectifier le tir, deux de nos pagayeurs à tribord se trouvent éjectés. Et en un instant, ça se gate encore plus, car sans savoir ce qui m arrive, je me retrouve aussi dans l eau. Ca brasse, ca cogne, j avale un peu d eau, et je me rends compte que je suis sous le bateau.
Tant bien que mal, je parviens à nager dessous, et retrouver l air libre. Ruwen, aussi, a subi le même sort. Les instructions du briefing reviennent : s accrocher aux cordes extérieures, se laisser aller les pieds en avant, les yeux grands ouverts pour anticiper les rochers.
Finalement, on retrouve des eaux plus calmes, on parvient à redresser le bateau, on remonte comme on peut à bord, et on s amarre sur le rivage un peu plus loin. Car en route, on a perdu deux equipiers, qui ont été récupérés par d autres embarcations.
Il y aura bien quelques autres pagayeurs à l eau qui se seront fait éjectés par les rebonds capricieux des rapides, mais nous serons les seuls à nous retourner. Et avec bonheur finalement, cette première expérience de rafting aura été tumultueuse !! Quelques égratignures, mais pas de gros bobos, et personne pour se plaindre de ce bain forcé.
La suite de la descente se fera dans des portions plus calmes, un tunnel avant de finir par un dernier rapide bouillonnant mais sans dangers. De l eau plein les bottes, nous avons ensuite rejoint la base, retiré notre combinaison, et après une bonne douche, retour en ville ou nous avons dévoré des sushis arrosés de bière japonaise.
Long récit pour une journée comme j en ai rarement vécu. Quelles sensations, quels plaisirs !! et quelle réussite au bout du compte, car la météo a finalement été de la partie jusqu au bout. Un jour de plus au paradis 😀